Jean-Lou Justine, professeur ISYEB, invité de Mathieu Vidard dans la Terre au Carré sur France Inter autour des parasites et parasitisme

 

 

 

 

 

 

 

 

Les parasites sont partout dans la nature et la forme d’intelligence qu’ils déploient leur permet d’exploiter et de manipuler leurs hôtes, jusqu’à les transformer en zombies. Les parasites sont des stratèges, dignes des plus grands joueurs d’échecs, des manipulateurs hors du commun et des champions de la survie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le leucochloridium spp, un ver intestinal d’oiseau qui utilise un petit escargot terrestre du genre Succinea comme hôte intermédiaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le leucochloridium spp, un ver intestinal d’oiseau qui utilise un petit escargot terrestre du genre Succinea comme hôte intermédiaire © Maxppp / F. Hecker/picture alliance / blickwinkel/F/Newscom/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les parasites sont des stratèges, dignes des plus grands joueurs d’échecs, des manipulateurs hors du commun et des champions de la survie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ils sont partout, abondants, divers et… inévitables. Tous les organismes sans exception sont infectés par une multitude de parasites. On estime ainsi que pour chaque espèce libre, trois espèces de parasites en moyenne vivent à ses dépens. Et même les parasites ont des parasites (des hyperparasites). Chaque organisme est un écosystème à lui tout seul, contenant sa propre faune parasitaire, un monde dans un monde. Si la stratégie parasitaire est aussi courante, durable et qu’elle est si évolutivement intéressante malgré les difficultés inhérentes à ce mode de vie ultra- dépendant, c’est parce qu’elle possède quelques avantages non négligeables. Vivre dans ou sur un hôte procure un environnement généralement très stable comparé au monde extérieur. Les hôtes procurent à la fois protection, nourriture et habitat mais à quel prix ! Évoluer rapidement pour développer des stratégies complexes afin de contrecarrer les difficultés inhérentes à la vie parasitaire et lutter contre la résistance comportementale ou immunitaire des espèces hôtes est donc le lot de tous les parasites. L’une des tactiques déployées les plus extraordinaires reste la manipulation. Surtout quand le parasite arrive à modifier pour son propre bénéfice l’aspect ou le comportement de l’organisme hôte supposément plus évoluer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'art de la manipulation : L’un des cas d’école de la manipulation parasitaire est celui de Leucochloridium spp, un ver intestinal d’oiseau qui utilise un petit escargot terrestre du genre Succinea comme hôte intermédiaire. Pour augmenter ses chances d’attirer l’attention de l’oiseau, le parasite a affiné la stratégie consistant à le jeter dans la gueule du loup… ou plutôt de l’oiseau. Il ne fait pas que pousser l’escargot, d’ordinaire adepte des zones ombragées et humides, à escalader la végétation afin de rejoindre les parties les plus hautes, ensoleillées et exposées à la vue des prédateurs aviaires. Pour augmenter encore ses chances de transmission, Leucochloridium spp colonise les tentacules du gastéropode et modifie ainsi leur taille, couleur et forme, de façon à les transformer en chenilles. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre exemple est celui du trématode (douve) Dicrocoelium dendriticum, un ver qui parasite les moutons chez qui il se reproduit. Pour atteindre sa destination finale, le parasite utilise un hôte intermédiaire, en l’occurrence une fourmi. Mais pour réussir, encore faut-il que le mouton ingère la fourmi. Problème, les moutons ne mangent pas de fourmis et celles- ci n’ont aucune tendance naturelle au suicide, aucune raison de se laisser manger par un ruminant. Jusqu’ici, tout paraît logique et le problème insoluble, surtout pour un parasite coincé dans sa fourmi et qui ne peut pas localiser le mouton. Pourtant, le parasite a trouvé une solution : prendre les commandes de l’insecte et le forcer à escalader un brin d’herbe, à s’y ancrer solidement à l’aide de ses mandibules pour ne pas risquer d’être emporté par le vent ou de tomber, et à rester là en attendant l’ingestion accidentelle par un mouton broutant dans le pré. Un comportement contre- nature produit par l’infection parasitaire et parfaitement adapté aux besoins du parasite. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

avec Jean Lou Justine, parasitologue  et professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle, RC de la revue scientifique « Parasite », revue officielle de la Société française de Parasitologie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et Clément Lagrue, parasitologue et conseiller scientifique pour le Département de la Conservation en Nouvelle Zélande.  Il est l'auteur du livre « Les parasites manipulateurs, sommes-nous sous influences ? » Ed HumenScience Nature

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le : 26/03/2021 16:30 - Mis à jour le : 31/03/2021 15:32