L’intérêt pour ces questions a toutefois resurgi, dans le cadre d’une perspective « environnementale », avec la découverte d’anomalies massives dans des populations d’Amphibiens d’Amérique du Nord et d’Australie situées dans des régions agricoles soumises à de forts épandages d’engrais et pesticides. Malheureusement les anglo-saxons ont totalement ignoré la littérature scientifique en langue française sur ces questions, et leurs travaux souffrent de déficits méthodologiques importants, qui limitent beaucoup la validité de leurs conclusions.
Suite à l’« affaire de Rosswag » qui, dans les années 80 et avant d’être mis sous le boisseau, a agité les médias en Allemagne après la découverte d’une population de crapauds manifestant un spectre inhabituel d’anomalies, probablement causées par une pollution radioactive, nous avons effectué une revue détaillée de l’ensemble de la littérature sur ces questions et publié des recommandations méthodologiques destinées à améliorer nos connaissances dans ce domaine. Ces recommandations n’ont pas seulement une dimension scientifique, mais également une dimension sociétale, concernant notamment la conduite à tenir vis-à-vis des médias en cas de découverte de ce type, mais aussi la perspective d’employer cette approche pour la détection de mutations générées dans les populations naturelles par des agressions physico-chimiques violentes, telles que des rayonnements ionisants.
Henle, K. & Dubois, A. (ed.) (2017) Studies on anomalies in natural populations of Amphibians. Mertensiella, 25 : 1–260.