Le Son de la Terre est une chronique animée par Jérôme Sueur, écoacousticien à l’ISYEB, avec l’aide d’enregistrements des contributeurs de la sonothèque du Muséum national d’Histoire naturelle, d’audionaturalistes, et de scientifiques internationaux. Ces petits fragments d’histoire naturelle sonore mettent en lumière la diversité des comportements acoustiques de la vie animale et des paysages sonores naturels tout en dénonçant les activités humaines qui peuvent les affecter. De l’insecte à la baleine, des fonds marins à la canopée tropicale : les échos de la nature voyagent sur les ondes radio !
Que sait-on de l’acoustique des dinosaures ? C’est une question de paléontologie bien difficile …avec Jérôme Sueur , bio acousticien en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et sa sonothèque
Tyrannosaurus rex © Getty
Un petit voyage sonore dans le temps avec Jérôme Sueur du MNHN
Que sait-on de l’acoustique des dinosaures ? Dans la série des Jurassic Park„ les dinosaures de Spielberg sont loin d’être muets. Sans mouvements, sans couleurs, mais aussi sans voix les dinosaures ne peuvent pas paraître vivants et réels. Spielberg les habille donc de grognements et de sifflements terrifiants.
Mais est-ce que les dinosaures chantaient vraiment ? C’est une question de paléontologie bien difficile. Chez les tétrapodes, la syrinx des oiseaux ou le larynx des crocodiles, par exemple, joue le rôle d’appareil phonatoire. Nul reste de syrinx chez les dinosaures et les quelques traces de pharynx ne peuvent pas démontrer l’existence d’un appareil vocal chez les dinosaures. Le plus raisonnable est donc de penser que les dinosaures ne chantaient pas, même s’ils pouvaient souffler ou cracher à la manière d’un serpent en colère. Donc pas de sons ? Les paléontologues sont plein de ressources. Le son du dinosaure arrive. Mais avant d’écouter les dinosaures, nous allons écouter ce que eux pouvaient entendre, car il semble bien que s’ils ne chantaient pas ils pouvaient très probablement entendre puisqu’ils possédaient un étrier, l’un de ces petits osselets de l’oreille interne.
Archaboilus musicus est une sauterelle qui vivait au Jurassique moyen, c’est-à-dire il y a environ 165 millions d’années. Fernando Montealegre de l’Université de Lincoln en Angleterre et des paléontologues chinois de Pékin ont étudié le fossile de l’appareil stridulatoire de cet insecte, c’est-à-dire la râpe dentelée qui sert aux sauterelles à produire des sons. Grâce à ce témoignage unique du passé, ils ont pu recréer la stridulation de l’insecte, un son étonnamment pur contrairement aux chants métalliques des sauterelles actuelles : Bon, et les dinosaures alors ? Ca y est, nous y sommes.
Parasaurolophus est un dinosaure de 9 m de long qui vivait il y a environ 75 millions d’années. Ce dinosaure a des petits airs punk car il possède une grande crête osseuse nasale se prolongeant sur le dessus de la tête. Cette crête a attiré l’attention des paléontologues car elle a la particularité d’être traversée par des cavités et des conduits dans lesquels des ondes sonores stationnaires peuvent résonner. Il y a plus de 20 ans, des chercheurs californiens ont généré un modèle numérique en trois dimensions possédant toutes les propriétés géométriques et physiques des parois et des cavités. Voici le son issu de ce modèle, un son ressemblant étrangement à celui d’un didgeridoo mais attention, ici pas de cordes vocales, pas de larynx, ce n’est donc pas à proprement parlé un chant, mais plutôt un klaxon :Et plus récemment que se passait-il ?
Entre -2.5 millions et -7700 ans, le cerf géant Mégaloceros (Megaloceros giganteus) aux immenses bois palmés mugissait dans les forêts d’Europe. Dans le cadre de l’exposition « Animaux disparus » du Musée de la Préhistoire de la Roche-Solutré, David Reby de l’Université de Saint-Etienne a reconstitué les vocalisations de Mégaloceros à partir de celles de daim européen (Dama dama). Le Mégalocéros étant bien plus grand que le daim et possédant probablement des cordes vocales plus épaisses et des capacités pulmonaires plus grandes, David Reby a déplacé la voix du daim vers les graves et allongé la durée des cris. Voici le résultat de cette étonnante anamorphose acoustique :Et voilà un petit voyage sonore dans le temps. Alors, fermez les yeux, ouvrez les oreilles, imaginez le passé, ce sera bien.
Le son de la Terre, une chronique de Jérôme Sueur en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et sa sonothèque.
- The lab for Bioacoustics and Sensory Biology at the University of Lincoln
- LIRE | Scientists Use Digital Paleontology to Produce Voice of Parasaurolophus Dinosaur
- EXPOSITION | Animaux disparus - enquête à l’âge de glace au Musée de la préhistoire à Solutré
Le son de la Terre, une chronique de Jérôme Sueur en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et sa sonothèque.
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