Le Son de la Terre est une chronique animée par Jérôme Sueur, écoacousticien à l'ISYEB,  avec l'aide d'enregistrements des contributeurs de la sonothèque du Muséum national d'Histoire naturelle, d'audionaturalistes, et de scientifiques internationaux. Ces petits fragments d'histoire naturelle sonore mettent en lumière la diversité des comportements acoustiques de la vie animale et des paysages sonores naturels tout en dénonçant les activités humaines qui peuvent les affecter. De l'insecte à la baleine, des fonds marins à la canopée tropicale : les échos de la nature voyagent sur les ondes radio !

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Aujourd'hui on va entendre du son venant de l'Océan Arctique dans lequel navigue un super et superbe prédateur élégamment habillé de noir et de blanc : l’orque (Orcinus orca).

Dans l'océan arctique, , qui fond et se délite, navigue un super et superbe prédateur élégament habillé de noir et de blanc : l’orque (Orcinus orca).

Comme de nombreux cétacés, l'orque est un animal très vocal : ce géant des mers utilise le son pour communiquer entre les membres d'un même clan familial et pour chasser grâce à un sonar qui projette des sons puissants et détecte les proies aux alentours. Très étonnamment, on observe chez les orques des populations avec des régimes alimentaires et des sons bien différents. On parle ainsi d'écotypes : d'un côté, l'écotype mangeur de poissons, d'un autre côté l'écotype mangeur de mammifères. Voici des sons d'orques mangeurs de poissons enregistrés par Charlotte Curé, chercheuse au CEREMA .  Les mangeurs de poissons détectent leurs proies grâce à leur sonar puis chassent ensemble en carousel : ils regroupent les poissons et les amènent vers la surface pour les assommer à coups de queue.Les mangeurs de mammifères utilisent moins leur sonar mais s'organisent vocalement avant l'attaque des proies.

 

Est-ce que ces différences acoustiques entre les écotypes d’orques peuvent être perçues par d'autres espèces de cétacés ? Oui, ces différences acoustiques entre orques piscivores et mammivores, ne sont pas une vue de l'esprit scientifique. Elles sont détectées par d'autres espèces de cétacés. Ainsi, Charlotte Curé et son équipe ont pu démontrer que les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) sont attirées par les vocalisations des orques mangeurs de poissons avec qui elles peuvent partager le même repas de harengs bien frais. En revanche, les baleines à bosse sont repoussées par les sons des orques mangeurs de mammifères qui pourraient en faire leur propre repas. Une troisième espèce de cétacés, les globicéphales noirs (Globicephala melas), distinguent également les deux écotypes d'orques. 

Est-ce que les globicéphales noirs réagissent comme les baleines à bosse ? Les globicéphales noirs sont attirés dans les deux cas, mais pour des raisons qui seraient opposées. Dans le cas des orques mangeurs de poissons, l'attirance serait la même que celle des baleines à bosses : il y a là de la nourriture à partager et les orques font, en quelque sorte, tinter la clochette du repas. Dans le cas des orques mangeurs de mammifères, la réponse d’approche des globicéphales noirs serait une réaction de groupe pour intimider un prédateur. Les globicéphales noirs émettent alors eux-mêmes des cris . Tueurs et espions sous-marins venus du froid, il s'en passe des choses dans cet océan de glace qui s'évanouit au soleil.

Fermons les yeux, ouvrons les oreilles, écoutons l’Arctique avant qu'il ne soit trop tard, ce sera déjà ça. Le son de la Terre, une chronique de Jérôme Sueur en partenariat avec le Muséum national d'Histoire naturelle et sa sonothèque avec des enregistrements pour cette chronique de Charlotte Curé.

 

Publié le : 04/01/2021 15:33 - Mis à jour le : 11/01/2021 15:49

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