Le Son de la Terre est une chronique animée par Jérôme Sueur, écoacousticien à l'ISYEB, avec l'aide d'enregistrements des contributeurs de la sonothèque du Muséum national d'Histoire naturelle, d'audionaturalistes, et de scientifiques internationaux. Ces petits fragments d'histoire naturelle sonore mettent en lumière la diversité des comportements acoustiques de la vie animale et des paysages sonores naturels tout en dénonçant les activités humaines qui peuvent les affecter. De l'insecte à la baleine, des fonds marins à la canopée tropicale : les échos de la nature voyagent sur les ondes radio !

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Les grands prédateurs terrestres, le loup et le lynx, font beaucoup parler d'eux mais nous parlent-ils ? Est-ce que finalement nous les écoutons ?

Le loup gris (Canis lupus) et le lynx boréal (Lynx lynx) sont des sujets de controverses éternels entre ruraux et citadins, chasseurs et chassés, carnivores et végétariens, enfants et adultes, parisiens et marseillais, cousins et cousines.

Au delà de ces batailles rangées, et peut-être pour les apaiser, il est une certitude scientifique : nous devons savoir où et quand ces animaux sont présents et combien ils sont.

Ces informations sont très difficiles à obtenir car les individus sont peu nombreux, ont un comportement furtif, se cachant le plus souvent dans les bois sombres et derrière les oreillers de nos enfants, bref ce sont des carnivores insaisissables.

Comment sait-on alors s'ils sont présents ?

Il existe différentes options complémentaires pour suivre le loup et le lynx : l'observation directe, le pistage, les prélèvements de poils ou de fèces, le piégeage photographique ou la télémétrie.

Le son est certes un signal évanescent mais il peut porter sur des territoires de plusieurs km2 et donc être détecté sans s'approcher des animaux.

Depuis quelques années, l'écoacoustique propose donc de développer des techniques d'écoute et d'analyse des animaux, notamment des chorus de loups, cette manière d’être vivant si bien explorée par Baptiste Morizot dans son dernier essai d’éthologie philosophique. Ces hurlements groupés permettent, entre autres, aux loups de se regrouper, de maintenir les liens sociaux, de coordonner leurs mouvements et de défendre leurs territoires.

Pour suivre le loup en écoutant ses hurlements, il reste des efforts importants de recherche fondamentale à faire, mais l'écoacoustique devrait permettre de dater les arrivées et les départs des meutes, de détecter la présence des jeunes, et d'estimer le nombre d'individus.

Et le lynx alors, hurle-t-il aussi à la lune ?

Comme le loup, le lynx boréal est un prédateur discret d'un beauté inouïe qui attise les tensions entre les différents acteurs de la nature en France.

Unique grand félin d'Europe, présent initialement dans tous les massifs montagneux, le lynx a disparu de France au début du XXe siècle. Le lynx a été réintroduit dans les années 1970 en Suisse d'où il a réinvesti le Jura français. 

D'autres individus ont été placés dans les années 1980 dans les Vosges, mais la population a de nouveau périclité.

Les connaissances sur l'acoustique du lynx sont très limitées. Une seule étude des années 1990 traite de miaulements enregistrés en captivité. 

Un son tout à la fois étonnant et émouvant avec une forte odeur de forêt colorée. Mais, au fait, Camille, vous n'aviez pas dit dans une chronique précédente que vous aimeriez imiter le lynx ? C’est là une belle occasion...

Fermez les yeux, ouvrez les oreilles, laissez-les vivre, laissez-les hurler, ça sera bien. 

Le son de la Terre, une chronique de Jérôme Sueur en partenariat avec le Muséum national d'Histoire naturelle et sa sonothèque avec pour cette chronique des enregistrements de Boris Jollivet.

Publié le : 23/10/2020 11:36 - Mis à jour le : 26/10/2020 15:35

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