L’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité est une unité CNRS du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, ayant aussi pour tutelles l’Université Pierre et Marie Curie et l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.
L’UMR 7205 a pour objectif de répondre aux questions concernant l’origine de la biodiversité, les modalités de diversification des espèces, la mise en place des communautés animales en lien avec l’évolution spatio-temporelle des taxons. L’unité est un des pôles européens de systématique et contribue de manière importante à la taxonomie et à la biologie de l’évolution. Les approches de systématique phylogénétique privilégiées par l’unité sont intégratives et ont amené la conception d’outils taxonomiques, moléculaires, génétiques, acoustiques, cytogénétiques, morphologiques et morphométriques.
L’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB) succède à l’OSEB depuis le 1er Janvier 2014. Les laboratoires de l’Institut se trouvent au Jardin des Plantes dans des bâtiments situés rue Buffon et rue Cuvier (Entomologie, Mammifères et Oiseaux, Malacologie, Botanique, Reptiles-Amphibiens, Géologie).
Un des grands défis du XXIe siècle est de comprendre et prévoir les impacts du changement climatique anthropique sur le fonctionnement des écosystèmes. Dans l’océan, les organismes planctoniques jouent un rôle crucial dans la régulation du climat, les cycles biogéochimiques globaux et les réseaux trophiques. Les modèles couplant physique et biogéochimie sont des outils largement utilisés pour quantifier les cycles biogéochimiques par la simulation de la dynamique des écosystèmes planctoniques. Mais ces modèles reposent souvent sur une vision biogéochimique du plancton marin, puisqu’ils décrivent la dynamique de groupes fonctionnels historiquement décrits par les biogéochimistes marins (connus sous le nom de types fonctionnels planctoniques, ou PFT). Ces groupes ont été critiqués pour leur manque de justifications écologiques, pouvant conduire à une représentation trop simplifiée de la diversité planctonique dans les modèles. Cependant, le manque de méthodologies basées sur des données permettant de déterminer et quantifier les traits fonctionnels potentiels et réalisés des communautés planctoniques est un frein important à la représentation réaliste de la diversité des communautés planctoniques dans les modèles d’écosystèmes marins.
Lors de ce séminaire, je présenterai une approche de construction et de quantification de groupe fonctionnels protéiques permettant d’étudier la diversité fonctionnelle planctonique sans choix a priori de lignées taxinomiques ou de fonctions d’intérêt. Plus précisément, nous avons analysé plus de 2 millions de protéines provenant de 885 génomes marins assemblés à partir de métagénomes via une approche basée sur les réseaux de similarité de séquence. Nous avons détecté 233 756 groupes fonctionnels de protéines, dont 15% ne sont pas annotés fonctionnellement. Nous avons étudié la distribution de l’ensemble des 233 756 groupes dans l’océan mondial via des méthodes d’apprentissage machine, identifiant les provinces biogéographiques comme les meilleurs prédicteurs de l’abondance des groupes fonctionnels protéiques. Les abondances de 14 585 groupes ont été identifiées comme prévisibles à partir du contexte environnemental, dont 1 347 groupes fonctionnellement non annotés. L’analyse de la biogéographie de ces 14 585 groupes a permis d’identifier la mer Méditerranée comme particulièrement originale en termes de composition protéique. Applicable à tout ensemble de séquences protéiques, notre approche constitue une première étape vers des prédictions quantitatives de la composition fonctionnelle des communautés planctoniques à partir du contexte environnemental.
Référence:
Faure, Emile, Sakina-Dorothée Ayata, et Lucie Bittner. « Towards Omics-Based Predictions of Planktonic Functional Composition from Environmental Data ». Nature Communications 12, no 1 (16 juillet 2021): 4361. https://doi.org/10.1038/s41467-021-24547-1.
Publié le : 28/08/2021 20:45 - Mis à jour le : 26/01/2023 15:39