Sylvain Aimar, Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).

L’entomologie légale, est une application directe de la biologie, de l’écologie, et de la physiologie des insectes dans un contexte criminalistique. Cette discipline s’intéresse à tous les liens qui peuvent exister entre l’information reliée à la présence d’un insecte et une enquête judiciaire.

Les applications sont multiples : détermination de l’origine géographique d’une marchandise, mise en évidence de mauvais traitement sur des animaux, problème sanitaire, escroquerie et préservation des espèces protégées par des conventions nationales, communautaires ou internationales (convention de Washington)…

Néanmoins, cette application est quasi exclusivement consacrée à l’étude des insectes nécrophages pour l’estimation de l’intervalle post-mortem sur des corps dégradés.

En effet, là ou la médecine légale n’a plus d’éléments physico-chimique pour étayer les conclusions sur une datation, l’entomologie légale prend le relais. Ainsi, l’utilisation de cette discipline sera particulièrement pertinente pour des corps datant de 4 jours à 8 mois environ.

Le premier principe, bien connu, repose sur une relation trophique entre le corps et les espèces, ces dernières se succédant par « vagues » et dans un ordre précis tout au long des différentes étapes de la décomposition.

Le second principe repose sur la biologie, l’écologie et la physiologie des insectes. Le temps de développement des insectes est donc particulièrement important. Il représente la durée nécessaire pour un individu d’une espèce donnée, pour passer de l’état d’œuf à l’état d’imago (jeune adulte).

Les Diptères, nécrophages à l’état larvaire, sont majoritairement utilisés dans cette discipline. Ils représentent les primo-intervenants et leurs temps de développement sont largement renseignés dans la littérature scientifique. L’IPM (intervalle post-mortem) peut être alors estimé par la détermination de la période de premières ovipositions (pontes) sur le corps de la victime.