Michel Laurin, DR CNRS, Centre de Recherche en Paléontologie de Paris (CR2P)

Depuis l’avènement des codes de nomenclature pour réguler les noms de taxons (1842 pour le code de Strickland ; début du 20ème siècle pour les codes zoologique et botanique), la phylogénétique a connu des progrès spectaculaires. Or, certains des codes actuellement en vigueur (dont le code zoologique) ne font aucune référence à la phylogénie ; les taxons (même supraspécifiques) ne sont pas forcément monophylétiques. Pire, l’application de ces codes conduit à des délimitations floues et fluctuantes des taxons, particulièrement en paléontologie. Certains considèrent cette situation anachronique. La nomenclature phylogénétique permet d’intégrer phylogénétique et nomenclature, tout en stabilisant et précisant le contenu des taxons.
Le code de nomenclature phylogénétique (PhyloCode) est entré en vigueur en avril 2020, avec la publication concomitante de Phylonyms, la monographie qui comporte 286 contributions (par plus d’une centaine d’auteurs) qui érigent les premiers taxons établis sous ce nouveau code. Si le PhyloCode connaît le succès escompté, cet événement pourrait être comparable en importance, pour la nomenclature biologique, à la publication du Systema naturae et du Species plantarum combinés, car il vise à réguler les noms de taxons de l’ensemble du Vivant.
La conférence présentera les différences saillantes entre la nomenclature « linnéenne » et la nomenclature phylogénétique, ainsi que le contexte pertinent, dont le changement de perspective des dernières décennies sur l’ontologie des taxons (classes ou individus?) et un bref rappel historique de la nomenclature biologique remontant à Aristote et même les classifications des peuples indigènes (ethnobiologie).
 

   

Les séminaires précédents restent disponibles sur la chaine de l’ISYEB : https://www.youtube.com/channel/UCzeFk4v_JcyK-N-H-1U19Bg/featured