Pour comprendre les risques de la reforestation, Sidonie Bonnec reçoit Marc-André Selosse, professeur ISYEB au Muséum d’histoire naturelle, biologiste et mycologue. Il a également participé à la rédaction du livre L’introduction d’essences exotiques en forêt, sous la direction de Guillaume Decocq, vice-président de la Société botanique de France.

 

Le réchauffement climatique, les feux, les tempêtes et les maladies menacent nos forêts. Pour les préserver, il est urgent d’agir. Des arbres sont plantés pour venir à leur secours, mais parfois, le remède peut être pire que le mal. Sidonie Bonnec dévoile l’envers du décor de la reforestation.

 

La reforestation n'est pas sans risque.

 

La reforestation n’est pas sans risque. © Getty

La France possède 168 000 km2 d’espaces boisées, soit 31 % de sa surface en métropole. Les forêts ont un rôle important. Elles sont un réservoir de biodiversité, elles modulent le climat, elles participent au stockage du CO2, elles protègent nos sols et nos ressources en eau. Ce sont aussi les lieux où nous aimons passer du temps pour nous divertir et nous ressourcer.

Cependant, nos forêts ne sont pas en forme. Non seulement les arbres sont fragilisés par le stress thermique et hydrique, mais ils sont davantage exposés aux bioagresseurs souvent introduits. L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes (tempêtes, orages, canicules, pluies torrentielles, tornades, sécheresses estivales) expose la forêt à une recrudescence de dépérissements et de feux de forêts.

Planter des arbres pour les sauver peut sembler être une bonne idée. Cependant, certains d’entre eux sont invasifs, transportent des maladies et rendent nos forêts inaccessibles.

Pour comprendre les risques de la reforestation, Sidonie Bonnec reçoit Marc-André Selosse. Il est professeur au Muséum d’histoire naturelle, biologiste et mycologue. Il a également participé à la rédaction du livre L’introduction d’essences exotiques en forêt, sous la direction de Guillaume Decocq, vice-président de la Société botanique de France.

Attention aux espèces d’arbres exotiques

Certains arbres exotiques se plaisent tellement chez nous, qu’ils envahissent toute la forêt et mettent à la porte les autres arbres, les animaux, les oiseaux, et les insectes. 

S’ils sont choisis pour sauver nos forêts, c’est parce qu’ils sont capables de s’adapter aux changements climatiques. Ils sont aussi très invasifs, inflammables et viennent accompagnés de bioagresseurs qui sont la cause de nombreuses maladies

Par exemple, la chalarose du frêne est la dernière épidémie d’ampleur européenne en date. Elle provoque la chute des feuilles, le dessèchement de l’écorce, le pourrissement du bois jusqu’à la mort de l’arbre. Repérée en France en 2008, cette maladie touche désormais l’ensemble du territoire national métropolitain. Elle vient d’un champignon microscopique du frêne de Mandchourie qui pousse habituellement au Japon.

Une autre essence venue d’Amérique est particulièrement bien installée dans nos forêts françaises. Il s’agit du cerisier tardif. Il a été implanté en France pour restaurer les sols dégradés par les monocultures de résineux, notamment dans les Landes, pour servir de brise-vent et de pare-feu, mais aussi pour sa croissance rapide.

Aujourd’hui, il pose un problème, car il est très invasif. Il est même considéré comme l’espèce la plus invasive la plus nocive dans les forêts européennes du fait de ses impacts économiques et écologiques. En formant des fourrés très dense, le cerisier tardif modifie le paysage, empêche la régénération forestière habituelle et fait échouer les plantations.

Cette espèce invasive n’est pas un cas isolé, de même que les maladies introduites par des arbres exotiques sont fréquentes. Les échanges de bois et de plantes doivent donc être surveillés, notamment lorsqu’il s’agit d’espèces qui viennent de loin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le : 09/02/2022 15:03 - Mis à jour le : 10/02/2022 16:43