Marc-André Selosse, Professeur à l'ISYEB présente chaque mercredi à 14h50 sa " Chronique du vivant" sur France Inter Il nous fait découvrir comment le vivant structure nos vies et notre environnement sous l'égide du Muséum national d’Histoire naturelle

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Son accumulation, il y a deux milliards d’années, a provoqué une énorme catastrophe : le monde vivant d’alors, pas adapté du tout à l’oxygène, a vivoté durant tout le milliard d’années suivant. Mais il s’en est remis.

D’abord, des dispositifs protecteurs sont apparus dans les cellules : même si aujourd’hui encore, les dégâts de l’oxygène contribuent au vieillissement, il est mieux toléré. Surtout, certains organismes sont devenus capables d’utiliser l’oxygène pour respirer !

Le principe est simple : vos propres cellules vivent ainsi. Une partie des aliments est utilisée pour réagir avec l’oxygène. La respiration est la même réaction chimique qu’un feu de bois ou de paille, qui exige de l’oxygène. Sauf que dans nos cellules, ce feu est contenu et son énergie ne s’échappe pas sous forme de chaleur et de lumière : elle est captée pour faire fonctionner la cellule. Des organismes inventèrent donc grâce à l’oxygène une nouvelle façon de se procurer leur énergie vitale. Parmi eux figurent nos lointains ancêtres, car nous n’avons pas fait mieux depuis !

Donc nous respirons l’oxygène produit par les plantes ?

Eh oui, respirez un coup, cet oxygène, c’est juste un déchet de la photosynthèse des plantes, dont elles se débarrassent dans l’air ! En écologie vous savez, la notion de déchet est relative : le déchet d’une espèce est souvent la ressource d’une autre, nos sociétés devraient le méditer… L’oxygène est un déchet des plantes qui nous est vital !

Mais l’arrivée de l’oxygène eut une autre conséquence positive. Dans les hautes altitudes de l’atmosphère, il a réagi avec les rayonnements solaires pour former de l’ozone, une molécule constitué de trois atomes d’oxygène. La couche d’ozone obtenue est un écran contre les ultraviolets du soleil : auparavant, la seule façon de s’en protéger était de vivre sous l’eau. Quand la couche d’ozone se forma, les continents devinrent habitables et ce qui devait arriver ne tarda pas : les plantes s’y installèrent il y a 500 millions d’années.

Du coup, il y a eu encore plus de photosynthèse, j’imagine ?

Oui, et donc plus d’oxygène dans l’air, ce qui a facilité la respiration. Du coup, il y a 370 millions d’années, certains poissons purent sortir des océans. Se tenir debout et trotter sur terre demande plus d’énergie que de flotter, mais il y avait maintenant assez d’oxygène pour cela. En plus, l’ozone protégeait des ultraviolets et il y avait des plantes à manger : Mathieu, Camille, vos ancêtres sont alors devenus terrestres !

Bonne nouvelle donc !

Oui, mais la quantité d’oxygène, accrue par la photosynthèse des plantes terrestres, dépassa bientôt 16% des gaz atmosphériques (aujourd’hui, c’est même 20%). Or, c’est le seuil pour faire du feu : en-dessous, il ne se propage pas. Des fossiles de plantes carbonisées attestent des premiers incendies, vers 400 millions d’années, allumés par des éclairs. Eh oui, les animaux terrestres et les incendies sont des conséquences de la photosynthèse…

Rien n’est bon ou mauvais, dans la nature. L’oxygène de la photosynthèse a permis à nos ancêtres de respirer, puis de sortir des eaux, mais les incendies continuent de nous enquiquiner… L’évolution n’est pas un progrès, juste un changement où certaines espèces tracent leur voie.

La « chronique du vivant » de Marc-André SELOSSE, en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et c’est à réécouter sur Franceinter.fr.

Publié le : 16/12/2020 15:50 - Mis à jour le : 16/12/2020 15:50

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