Paru le 2 aout, l'article de Serge Muller de l'ISYEB vous fait découvrir cette semaine le catalpa commun originaire d'Amérique du nord.

Cet été, The Conversation France vous emmène battre le pavé des villes avec Serge Muller, botaniste au Muséum national d’histoire naturelle, à la découverte d’arbres peu connus. Car il n’y a pas que le platane, le tilleul et le marronnier qui égaient et rafraîchissent nos cités !

Comment le reconnaître ?

Le catalpa commun (Catalpa bignonioides Walt.) appartient à la famille des Bignoniaceae, qui regroupe des arbres, arbustes et lianes des régions tropicales et tempérées.

Le tronc du catalpa commun. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

C’est un arbre à croissance assez rapide qui peut atteindre de 7 à 8 mètres de hauteur dès l’âge de 20 ans. Il développe ensuite une cime étalée qui lui permet d’atteindre au maximum 15 à 20 mètres. Son tronc est recouvert d’une écorce crevassée ou en écailles.

Ses feuilles, longues de 15 à 25 cm et larges de 10 à 15 cm ont une forme ovale. De couleur vert clair, elles sont insérées en général par trois au même niveau.

Le catalpa porte de jolies fleurs blanches, légèrement colorées de jaune et de violet, qui ont 3 à 4 cm de longueur. Elles sont disposées en panicules dressées et sont épanouies au courant du mois de juin, jusque début juillet, à une période où les feuilles sont déjà développées.

Les fruits mûrissent à l’automne : ce sont des capsules cylindriques allongées, de 20 à 40 cm, ressemblant à des haricots ou à de longs cigares fins (d’où les noms qui sont parfois donnés au catalpa d’« arbre aux haricots » ou d’« arbre à cigares ») qui persistent l’année suivante avec les fleurs.

Ses fleurs blanches s’épanouissent de juin à juillet. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND Les fruits du catalpa commun lui ont valu le nom de d’« arbre aux haricots » ou d’« arbre à cigares ». Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

Le catalpa commun est originaire d’Amérique du Nord, où il a une aire de répartition assez limitée, dans le Sud-Est des USA (Mississippi, Géorgie et Floride). Il s’y développe sur des sols fertiles, souvent à proximité de cours d’eau. C’est un des rares arbres qui a conservé son nom d’origine, donné par les Indiens Cherokee qui occupaient ce territoire et en consommaient les graines.

Bien adapté à la vie urbaine

Le catalpa commun a été introduit en Europe au début du XVIIIe siècle comme arbre d’ornement dans les parcs urbains. C’est une espèce héliophile, qui résiste bien à la sécheresse et à la pollution urbaine, mais il reste assez peu répandu dans les villes.

Ainsi la base de données en ligne de la ville de Paris fait état de 555 enregistrements de cet arbre, ce qui est relativement modeste. Il y apparaît davantage comme un arbre des parcs et jardins (261 arbres cartographiés) que des alignements de rues (175). C’est dans le XIXe arrondissement qu’il est le plus abondant, avec plus d’une centaine d’arbres mentionnés.

À Bordeaux, ce sont seulement 104 individus de cette espèce qui sont mentionnés dans la base de données.

De Versailles à Barsac

À Versailles, subsiste dans le parc du château un des premiers catalpas introduits en France ; il serait âgé de plus de 290 ans.

À Versailles, un catalpa de 290 ans… (newsjardintv/Youtube, 2017).

Un vénérable arbre de cette espèce se maintient également au Jardin des plantes (Paris, Ve), mais son tronc a dû être soutenu par des barres de métal. Un autre catalpa remarquable de la capitale est présent au square Gabriel Pierné, derrière l’Institut de France (VIe).

Autour du catalpa commun du square Gabriel Pierné… (Paname/Youtube, 2017).

À Strasbourg, existe un arbre de cette espèce, classé à l’inventaire des arbres remarquables du département du Bas-Rhin, du fait de sa hauteur de 19 m et de sa circonférence de 5,5 m.

À Barsac, en Gironde, c’est la superficie d’au moins 400 m2 de la couronne d’un catalpa qui lui a valu d’être mentionné au registre des arbres remarquables.

De nombreuses espèces voisines

Il existe une dizaine d’autres espèces dans le genre Catalpa, présentes en Amérique du Nord et en Asie de l’Est.

Les élégantes fleurs jaunes du Catalpa ovata. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

Certaines d’entre elles ont été introduites en Europe et en France, dans des parcs ou des squares : par exemple, Catalpa ovata, présent sur la place Jussieu (Paris, Ve) en mélange avec C. bignonioides ; ou encore C. fargesiii et C. speciosa qui peuvent tous deux être observés au Jardin des plantes (Paris, Ve).

Un bel exemplaire de l’hybride C. erubescens (entre C. bignonioides et C. ovata) est par ailleurs présent dans le parc Montsouris (Paris, XIVe).

Catalpa x erubescens au parc Montsouris. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

À cette même famille des Bignoniaceae est aussi rattachée la bignone ou trompette de Virginie ou de Jéricho (Campsis radicans), une liane grimpante à floraison estivale, également originaire du Sud-Est des États-Unis et largement utilisée pour végétaliser les murs.

Campsis radicans. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

Le catalpa commun est parfois confondu avec le paulownia tomenteux, espèce originaire de Chine, qui est classée dans la famille voisine des Paulowniaceae.

Si les feuilles du paulownia ont également une forme ovale et une taille identique, ou même plus grande, que celles des catalpas, cette espèce s’en distingue clairement par ses feuilles opposées (donc insérées par deux au même niveau de la branche) et intensément poilues sur la face inférieure, ses fleurs violacées à floraison printanière (avant la feuillaison) et ses fruits qui sont des petites capsules ovoïdes dressées, bien différentes des « cigares » allongés et retombants des catalpas.

Paulownia en fleurs. PXHere Paulownia avec ses fruits en capsules ovoïdes. Serge Muller/MNHN, CC BY-NC-ND

Cet arbre est en fait plus fréquemment planté à Paris (1405 enregistrements) que le catalpa. Et c’est le paulownia qui a été retenu, malgré ses tendances parfois envahissantes, pour orner, en 2024, les parvis des 68 gares du Grand Paris Express.

Nous vous donnons rendez-vous lundi prochain pour découvrir et apprendre à reconnaître un nouvel arbre des villes.

Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

The Conversation

Publié le : 10/08/2020 09:27 - Mis à jour le : 10/08/2020 09:37