Les mâles de ces insectes sont attirés au point de tenter de s’accoupler avec ces leurres sexuels. Ils répètent ce comportement de fleurs en fleurs, assurant ainsi malgré eux le transfert de pollen d’une fleur à l’autre. Plusieurs centaines d’espèces d’Ophrys se sont diversifiées principalement en région méditerranéenne sur un laps de temps très court (5 millions d’années). Nous montrons que ce foisonnement récent correspond à une radiation adaptative dont le moteur est la compétition entre individus d’Ophrys pour l’attraction de leur pollinisateur principal. Les mâles d’abeilles mémorisent les odeurs de leurs partenaires sexuels et évitent de courtiser deux fois la même femelle. Pour être fécondées, les fleurs d’un plant d’Ophrys doivent donc proposer une odeur légèrement différente de celle de leurs voisines. Cette variation peut par chance attirer une autre espèce de pollinisateur, et si cet événement se produit simultanément sur plusieurs plantes dans la même population, il peut y avoir apparition d’une nouvelle espèce. Il y a donc spéciation en sympatrie dans le genre Ophrys, par isolement pré-reproducteur dû à la compétition intraspécifique entre plantes pour leurs pollinisateurs doués de mémoire.
Baguette, M., Bertrand, J. A. M., Stevens, V. M., & Schatz, B. (2020). Why are there so many bee‐orchid species? Adaptive radiation by intra‐specific competition for mnesic pollinators.
Biological Reviews, brv.12633. https://doi.org/10.1111/brv.12633