Une étude scientifique parue le 11 mars 2024 dans Proceedings of the National Academy of Sciences, PNAS vol. 121(13), permet de clarifier l’histoire évolutive des fourmis d’après des modélisations combinant des données extraites du registre fossile et d’arbres de parentés calibrés dans le temps.
Une équipe de chercheurs de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (Muséum national d'Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université, EPHE-PSL, Université des Antilles), de l’Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (Université de Montpellier, CNRS) et de Géosciences Rennes (Université de Rennes, CNRS) montre que la diversification des plantes à fleurs a joué un rôle critique dans l’histoire évolutive des fourmis en favorisant leur diversification mais aussi, et de manière moins attendue, en les protégeant contre l’extinction.
Avec plus de 14 000 espèces actuelles, les fourmis sont omniprésentes à la surface du globe et sont d'une importance écologique considérable. Elles ont connu une diversification remarquable tout au long de leur histoire évolutive débutée il y a plus de 150 millions d’années. Cependant, les moteurs de cette diversification ne sont pas bien quantifiés ni compris. Des analyses antérieures ont suggéré que la radiation des plantes à fleurs (angiospermes) au cours du Crétacé (145-66 Ma) pourrait avoir contribué au succès évolutif des fourmis, mais ces études ont négligé des informations précieuses provenant du registre fossile. Pour combler cette lacune, l’équipe de scientifiques a mené une analyse approfondie en utilisant un grand jeu de données comprenant à la fois la totalité du registre fossile des fourmis (près de 24,000 occurrences) et des données néontologiques (c.à.d. extraites d’arbres de parentés calibrés dans le temps) pour tester la co-diversification des fourmis et des plantes à fleurs, et l’impact des changements de flores au cours du Crétacé (145-66 Ma) et du Paléogène (66-23 Ma).
Les résultats de l’étude démontrent que la diversification des angiospermes a joué un double rôle, en favorisant leur diversification comme déjà suspecté mais aussi en atténuant l'extinction des fourmis. En effet, les changements de flores associé à la radiation des plantes à fleurs auraient diversifié les ressources alimentaires des fourmis, ce qui leur aurait permis non seulement de se diversifier mais aurait aussi favorisé leur survie face à un environnement changeant.
Cette étude souligne l'importance d'une approche holistique, combinant données actuelles et fossiles, lors de l'étude de l'interaction entre les environnements passés et les trajectoires évolutives des organismes.
Références :
Jouault, C., Condamine, F. L., Legendre, F., & Perrichot, V. (2024). The Angiosperm Terrestrial Revolution buffered ants against extinction. Proceedings of the National Academy of Sciences, 121(13), e2317795121. https://doi.org/10.1073/pnas.2317795121
Avec un commentaire très positif paru dans le magazine Science :