L’article de Yoan Fourcade, UPEC ; Leigh Winsor, James Cook University & Jean-Lou Justine, ISYEB,  vient de paraître dans la revue Diversity and Distributions

L’invasion des vers plats en forme de marteau est sans doute loin d’être terminée

Depuis quelques années, des verts plats prédateurs ont été introduits un peu partout par l’import de plantes exotiques. Dans cet article publié dans Diversity and Distributions, une collaboration entre iEES Paris, le Muséum d’Histoire Naturelle et l’Université James Cook, a permis de modéliser les risques d’invasion à l’échelle globale. Il en ressort que ces espèces envahissantes n’ont pas encore colonisé l’ensemble des régions à risque, lesquelles doivent donc redoubler de vigilance.

Outre le cas particulier de la France, cette étude met en lumière des zones potentiellement propices à l’invasion par ces espèces ailleurs dans le monde. De façon remarquable, une petite région d’Amérique du Sud (le Río de la Plata et ses environs, un estuaire situé à la frontière entre Argentine et Uruguay) semble pouvoir accueillir l’ensemble des espèces modélisées. Dans cette région, de nombreuses autres espèces de vers plats terrestres prolifèrent de façon naturelle ; il convient donc d’éviter que des invasions d’espèces potentiellement compétitrices ne viennent fragiliser ces écosystèmes à la richesse exceptionnelle.

Puisque les modélisations prédisent le risque d’invasion par les vers plats en fonction de facteurs climatiques, il est possible de projeter ce risque d’invasion dans le futur, en fonction de différentes hypothèses de changement climatique. On observe ici que les deux espèces déjà introduites dans le plus grand nombre de pays à l’heure actuelle (Bipalium kewense et Bipalium vagum) sont aussi celles qui pourraient bénéficier d’un climat plus chaud. L’invasion des vers plats à tête en forme de marteau n’est donc pas prête de s’arrêter. Pour l’heure, les régions à forte probabilité d’invasion devraient redoubler de vigilance, car l’élimination de ces espèces des régions envahies risque d’être difficile.

Un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche est en cours au laboratoire iEES Paris, dont l’objectif est d’analyser l’impact écologique d’une autre espèce de ver plat introduit, Obama nungara.

 

  • Fourcade, Y., Winsor, L., & Justine, J.-L. (2022). Hammerhead worms everywhere? Modelling the invasion of bipaliin flatworms in a changing climate. Diversity and Distributions. https://doi.org/10.1111/ddi.13489

 

Publié le : 23/02/2022 09:42 - Mis à jour le : 23/02/2022 11:13